Deuxième album de Fayçal : Secrets de l'oubli

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Interview :

Comme pour Murmures d'un silence, le titre de ton nouvel album est assez énigmatique. Quel sens donnes-tu au titre : Secrets de l'oubli ?


Le sens premier c’est celui d’un recul, d’une retraite en quelque sorte, d’une réflexion et d’une analyse en surplomb du monde et de moi-même. Il y a aussi un sens intimiste, voire mystérieux dans l’oubli qui me correspondait. J’ai besoin de temps pour construire mes morceaux, pour travailler mes thèmes et mon écriture, dans un souci qualitatif, à l’heure ou les albums sortent à tour de bras. Les Secrets de l’oubli, c’est toutes ces notions, toutes ces idées que je dévoile au fil des morceaux et qui constituent l’univers de l’album.

Quelles sont pour toi les différences fondamentales entre tes deux albums ?


Un flow mieux maitrisé, des featurings plus aboutis, des instrumentales plus « atmosphériques » et pour le coté « technique », un master et un mix de plus grande qualité.

Dans un milieu rap où les têtes d'affiches brillent rarement par leur style d'écriture, qui reste plutôt basique voir simpliste, tu proposes des morceaux aux textes très pointus, souvent difficile d'accès. N'as tu pas peur que les gens soient rebutés par le côté trop « intellectuel » de tes textes ?


A vrai dire, je n'y pense pas. J’aime bien l’idée selon laquelle les gens vont écouter un morceau, ne pas percuter sur tous les éléments au départ, puis le réécouter et saisir quelques choses de plus. J’ai dans ma démarche ce désir de pousser loin l’auditeur, après on adhère où pas, mais c’est ce qui fait la force de mon style je pense.

Te considères tu d'ailleurs comme un « rappeur intellectuel » ?


Non, c’est étrange, je me posais récemment la question et je me disais qu’il y a 10 ans, en France, des mecs comme Oxmo, Akhenaton et d’autres avaient vraiment du style grâce à ce maniement génial et original des figures de styles et de la langue française en générale, ce n’est pas pour cela qu’on se demandait si ils se considéraient comme des rappeurs intellectuels, on écoutait et on kiffait…ou non, mais l’on se posait pas la question…

Quel était le but de La Belle Endormie ? Faire découvrir Bordeaux ?


A la base c’était plus de faire redécouvrir le centre de Bordeaux sous un jour assez cynique, en réécoutant le morceau il y a vraiment deux niveaux, un premier assez descriptif, puis un autre ou l’on sent que cette description est teintée d’un "rire jaune, d'un humour grinçant" je trouve, avec des éléments précis que seuls les habitants de cette ville pourront saisir.

Même si pour ton nouvel album tu sembles avoir bénéficié de plus de moyens que pour le premier, la production musicale ressemble beaucoup à celle de Murmures d'un silence. Tu n'as jamais eu envie d'avoir une musique plus dans « l'air du temps » ?


Pas pour l’instant, je trouve mon bonheur dans les instrus de VII et 2FCH.C’est la dessus que je me sens à l’aise, une instrumentale avec un sample qui tourne, ça me laisse de la place, ça aère mon propos je trouve et ça le rend plus clair, plus percutant aussi.

Le label sonatine n'apparaît nulle part sur ce projet. As-tu coupé les ponts avec ton ancien label ?


Pas du tout, comme je te l’ai dit précédemment, VII et 2FCH sont toujours a la production, Âme graphic s’occupe des visuels de l’album, je serai sur le prochain album de VII et celui de Dajoan normalement…on a toujours de bons rapports humains. Après il y a des différences artistiques non négligeables entre nous et nos désirs n’étaient plus communs, mais concernant nos rapports je pense qu’il y a toujours un respect mutuel, humain et artistique.

Les featurings de ce nouvel album restent très underground. Tu n'as jamais eu envie d'inviter sur tes morceaux des grands noms du rap ?


Bien sûr ! Après j’estime qu’il y a de très bons rappeurs près de moi. J’aime bien poser avec des gens que je vois dans un contexte autre que la musique. Il y a une question de feeling dans la collaboration et je trouve qu’avec le temps ça se perd, beaucoup font des morceaux pour le « buzz »avec des artistes reconnus mais s’il n’y a aucun échange, aucun apprentissage mutuel, je trouve ça inutile.

Pourquoi ce besoin d'un morceau sur tes origines ? Et contrairement à Lettres d'un Héros, tu as semblé vouloir l'aborder sans réelle originalité...


J’avais besoin de montrer mon attachement et mon amour pour la terre et la culture de mon père. Arabesques traite des difficultés de la double culture, de l’éloignement, du déracinement. Je voulais un morceau clair, appuyé par Vorass et Expérimental. Je trouve que le morceau est assez homogène et réussi car nos expériences se complètent sans se ressembler.

A contrario In Articulo Mortis est un titre mystique et mystérieux. Peux-tu nous en dire quelques mots ?


Avec un titre en latin, ça parle de funérailles sous un ciel de plomb, de souvenirs communs, d’émotions, c’est un morceau avec une chute sur une instrumentale propice à l’évasion religieuse et spirituelle de 2FCH, on va laisser planer le mystère… (rires)

N'as tu pas l'impression d'être parfois trop consensuel en comparaison de la violence habituelle du rap d'aujourd'hui ?


Franchement je ne me pose pas la question. La violence est une chose importante dans le rap, elle ne doit pas le quitter. Après je pense que la violence peut être amenée « intelligemment ».La violence gratuite de la plupart des sorties d’aujourd’hui me lasse.

Un mot pour finir ?


Merci à ceux et celles qui soutiennent et soutiendront mes projets…

Ca va faire mal j'pense.

Euh oui ça fait mal je confirme...voilà ça plane, ça questionne et ça tue...Je trouve cet album trés bon lyricalement c'est abusé, bien au dessus de ce qui sort aujourd'hui et c'est sûrement ça le hic dans cette industrie musicale...