Here After (Matt Damon, Cécile de France)

Sans être le meilleur film de Clint Eastwood, la partie française souffre de certaines faiblesses, hormis le premier quart d'heure où la catastrophe est filmée avec une époustouflante efficacité qui rendrait jaloux un Roland Emmerich dans ses meilleurs jours, Au-delà reste un grand film palpitant, très humain, qui tend à exciter les glandes lacrymales du cinéphile. Eastwood n'est au fond pas très intéressé par les images de la vie après la mort (aussi discrètes que pudiques, ce qui évite le simplisme). Ce qui le fascine, et cela depuis longtemps, ce sont les affres et les conséquences de la séparation qu'elle soit avec une mère, un frère, un don ou une carrière. La dernière demi-heure (celle de la rencontre du trio), peut être trop forcée, mais ce "pseudo" défaut, se retrouve dans beaucoup des films d'Eastwood mais il l'assume toujours pleinement, encore une fois avec pudeur ; de toute façon, rien ne laisse présager que le gamin retrouvera sa mère et que le couple ira plus loin qu'une poignée de main salvatrice où le don de médium s'éteint. Le plus fort du film, chef d'oeuvre de maîtrise, se joue au niveau de la partie sise à San Francisco, son port, ses appartements tristes. Matt Damon montre une nouvelle fois son immense talent et la scène où il invite une stagiaire culinaire (super belle) est un chef d'oeuvre absolu, elle le quitte car il l'a forcée à se séparer avec un père incestueux et affronter la réalité et le moment où, de dos, Georges semble en "avoir pris un coup", vouté comme un vieillard, arrache des larmes comme la séparation du frère avec sa mère paumée. Cette partie est le plus référencée à Mystic river, Londres est bien mieux filmée que Paris. L'arrivée de la mère a tout du drame humain, les deux frères jumeaux sont seuls capables de supporter leur mère et la mort de l'enfant est filmée tragiquement. La mise en scène chez Eastwood est toujours invisible mais réelle, fluide et humaine. Saluons aussi la belle photographie de Tom Stern et la musique discrète et prenante.