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La griffe Jamel

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Message par Zarmot Sam 13 Jan - 1:06

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Noom, Patson, Amelle… ils font partie du Jamel Comedy Club. Ces jeunes comiques sont tous adeptes du stand-up : un show semi-improvisé aux répliques décapantes. Rencontre avec des joyeux lurons qui s’éclatent sans filet.
Un dimanche soir de décembre, dans une salle de théâtre parisienne. Une rangée de filles s’effondre sur elle-même, entre hoquets et glapissements. Sur scène, une brindille montée sur ressort, alias Noom, vient de chambrer, d’un débit mitraillette, celles qu’il appelle les FFFF, la Fédération des Fatou fâchées fauchées. Sifflets, éructations, rires encore. Touché dans sa chair, le gang des tresses en tressaute toujours dix minutes après...

Un peu plus tard, Patson, kéké africain dans toute sa splendeur, achève sa cascade de « Ce soir, je vais te tacler ! » (1), son cri de scène, en passe de devenir culte chez les 10-18 ans. Tête rentrée, dos courbé, deux retardataires essaient de se faire oublier. « Et en plus, vous êtes blancs ! D’habitude, c’est les Noirs qui sont en retard : z’êtes sud-africains ou quoi ? » Sur les fauteuils, on frôle la transe.

Et ça carbure au même rythme depuis septembre dernier. Quatre mois qu’à la cadence de deux spectacles par soir, le Comedy Club, la troupe de jeunes humoristes produits par Jamel Debbouze et Kader Aoun, fait salle comble. Le prix des billets a même été revu à la hausse. Mauvaise nouvelle : le Club a tiré rideau le 31 décembre dernier. Bonne nouvelle : il investira le Casino de Paris dès le 30 janvier, avec Jamel en maître de cérémonie, avant de partir en tournée taquiner la France de ses vannes au napalm et autres Scuds dédicacés.

De sa voix d’Omar Simpson, Thomas N’Gijol cajole une spectatrice : « Va potasser ton Bescherelle, tu reviendras après ! » Eclat de rire général. « J’adore ces moments où on s’adresse à un spectateur, nous explique N’Gijol à sa sortie de scène. On ne sait jamais comment ça va tourner : c’est ça qui est intéressant. » Et emblématique de ces douze comiques nouvelle génération, adeptes du stand-up : une scène vide, un micro, pas de personnages caricaturés mais un dialogue mi-écrit, mi-improvisé avec un public directement pris à partie. Rien de nouveau sous les spots : en vogue depuis les années 40 aux Etats-Unis, le genre a mis sur les rails bon nombre de stars (Eddie Murphy, Robin Williams, Woody Allen…) et offert à la télé de solides succès. Def Jam Comedy, la référence directe du Comedy Club, fut l’un d’entre eux. Diffusé dans les années 90 aux Etats-Unis, connu pour son irrévérence, ce show a lancé toute une génération de comiques afro-américains. « On voulait créer son équivalent depuis deux ans, explique Kader Aoun. Le problème, c’était les candidats. » Ou plutôt leur absence. Le stand-up, Coluche et Bedos s’y étaient plus ou moins essayés, mais il a fallu attendre Jamel et Gad Elmaleh pour qu’en France le genre soit naturalisé. Depuis, il est devenu, pour l’humoriste en herbe, le tremplin obligé. « L’avenir, c’est nous, mais on arrive doucement », résume Dedo, un des garçons de la bande des douze.

« Il n’y a jamais eu de casting : on a juste repéré ceux qui nous faisaient marrer sur les scènes ouvertes de la région parisienne », raconte Kader Aoun. Si Patson, Fabrice Eboué et Thomas N’Gijol ont déjà quelques années de métier, la plupart babillent tout juste leurs premiers sketches. « On a gardé ceux qui étaient suffisamment bien élevés pour fonctionner en collectif. Pour y arriver, faut avancer groupés. » Un esprit « famille » revendiqué. Mais pas sectaire : le clan reste grand ouvert aux candidats volontaires, testés en public et au débotté : « On a tous eu à assurer la première partie du spectacle de Jamel… en étant prévenus au dernier moment ! » rapporte Noom. Dès mars 2006, les séances de répétition s’enchaînent, collégiales et intenses, pour préparer le cycle d’émissions diffusées sur Canal+, le samedi en juin dernier. Le mot d’ordre : « Sois cool et amuse-toi ! » Séduite, la chaîne les a d’ores et déjà invités à resquatter l’antenne l’été prochain. Entre-temps, pour tous, le programme, c’est : « Taffer ».

La troupe affûte son art de la « punch-line » (la réplique qui tue). Les styles s’affinent, des univers émergent : tout en énergie chez Claudia, « bigardesque » chez Patson, grinçant chez Dedo, teinté d’absurde chez Yacine, provocateur chez Eboué, d’une nonchalance classieuse chez N’Gijol. Ces deux derniers signent désormais des billets à la télé, chez Fogiel et Denisot. Pour l’instant, dans le groupe, aucune prise de – grosse – tête n’est à signaler. « Le label “Jamel” a accéléré notre notoriété », reconnaît Claudia, qu’on peut voir aussi au cinéma (à l’affiche de Congorama) et à la télé (dans RIS, police scientifique).

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« Et puis on est arrivés au bon moment », renchérit Thomas. Le bon moment ? Quelques mois après les émeutes de l’hiver 2005, à un an de la présidentielle, en même temps que l’intronisation d’Harry Roselmack au JT de TF1 et le débat qui suivit sur la place des « minorités visibles » dans les médias. Forcément, avec sa gueule métissée, le Comedy Club est raccord : jamais on n’aura vu autant de Noirs et d’Arabes sur scène – sans parler de la salle, pour une fois plus teint blanc sur fond noir que l’inverse. Jamais non plus, depuis Desproges et Coluche, on n’aura entendu une parole aussi décomplexée sur les cultures d’origine et leurs clichés : les Blanches et leurs fesses plates, les Chinois et la multiplication des nems, les Beurs et l’huile d’olive… Le tout mixé au vitriol de l’autodérision et de la moquerie assumée. « On est la première génération à pouvoir se permettre de plaisanter sur les Noirs, les Blancs, les Jaunes. On a la légitimité ! Si Bigard faisait les mêmes blagues, on le taxerait de raciste », reconnaît Fabrice Eboué, qui, entre deux imitations de faux amputés roumains, plie en quatre une salle basanée en affirmant qu’« un juif c’est rien d’autre qu’un musulman qui a réussi ».

« On appelle juste un chat un chat, relativise Thomas N’Gijol, comme ça s’est toujours fait en banlieue, sans qu’il y ait de malaise : la vanne, ça permet souvent d’éviter de se battre. » Relayée par l’aura Jamel et la télé, cette parole exutoire n’a jamais résonné aussi fort, aussi juste. En levant des non-dits, elle attire l’attention et bouscule gentiment l’idéal républicain. Pas question de gommer les différences (culturelles, religieuses, sociales) : elles alimentent la pompe à blagues ! « On est tous français, mais avec du recul », résume Aoun. Un recul hilarant, qui ringardise un discours sur l’intégration recuit à force d’être réchauffé, et propose de passer à autre chose. L’air de rien. Soucieuse d’éviter l’étiquette d’humour communautariste, la troupe élude pourtant la question. « Bien sûr, nous sommes conscients de la portée politique de notre présence sur scène, reconnaît Claudia, mais de là à lever le poing ! »

Même énervement las devant le label « artistes de banlieue » que la presse a eu vite fait de leur accoler. « On vient peut-être de milieux modestes, rectifie Amelle, née dans le Marais, un quartier chic et branché de Paris, mais certainement pas de “cités dures” ». Originaire de Nogent-sur-Marne, Eboué a un père gynécologue et une mère prof ; Claudia, d’origine ivoirienne, a grandi à Alès ; Blanche a mûri à Asnières, « entre des voyages, un père coco et une mère catho ». Yacine vient de La Courneuve, certes, « mais ce n’est pas pour autant que je me sens obligé de prendre l’accent rebeu pour expliquer “qu’elles sont jolies les filles de ma banlieue”, insiste-t-il. D’ailleurs, je n’ai pas de public ciblé ». « Ni de thèmes privilégiés », complète Dedo, auteur inspiré d’un mélodieux appel au parricide intitulé Pour une vie plus douce…

« En fait, disent-ils, on peut parler de n’importe quoi ! » De l’actu, de la préhistoire, des mecs, des filles, « et surtout de soi ! ». Histoires de famille, voyage au bled, souvenirs de scolarité, anecdotes intimes : les sketches se façonnent au vécu. Un tropisme nombriliste auquel le Comedy Club doit en grande partie son succès. Dans une époque tiraillée entre quête de lien et individualisme, le stand-up a trouvé naturellement sa place. Sa règle d’or ? « Etre au plus près de soi-même tout en abordant des thèmes universels pour concerner le plus de monde possible », résume la consciencieuse Claudia. Or qui, aujourd’hui, mieux qu’un « je » à l’identité mille-feuille, peut faire s’esclaffer à la fois un fan de rock metal bon teint, une célibataire black, un lycéen rebeu et un Asiatique fan de karaoké ? Dans la salle, un public jeune, qu’on pressent plus branché DVD que soirée théâtre. « Au début, beaucoup venaient au spectacle de Jamel parce que c’était la première fois que sur scène quelqu’un leur ressemblait. Par contre, ils ne comprenaient rien : le stand-up, c’était une nouveauté. Depuis, l’oreille s’est éduquée, se réjouit Kader Aoun, avant de glisser : Le stand-up, c’est un truc de prédicateur. » A l’humour qui tache, les acolytes de Jamel préfèrent prêcher la vanne qui raye. Subversif, le Comedy Club ? « Non, car aujourd’hui, ça ne sert plus à rien d’être subversif ! rigole Aoun. La seule valeur, c’est le succès. Si vous ne faites pas tant d’entrées, personne ne vous entend : vous êtes mort ! » Pragmatique, alors. Synchrone, en tout cas, avec une époque où l’on peut conjuguer sans complexe ambition commerciale et messages politiques.
Florence Broizat


J'ai bien kiffé Jamel Comedy Club et jtrouvé l'article bien fait, donc jle partage ^^

Source : Telerama
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Message par Hiruma Sam 13 Jan - 9:23

J'ai pas lu l'article (un peu de flemme j'avoue) mais j'ai vu l'émission cet été sur canal comme la plupart du monde et c'est frais dans notre paysage français. Il y a du bon comme du moins bon. En faite je dirais que chacun peut trouver son compte vu que les humours sont différents.
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Message par Hiruma Sam 13 Jan - 9:24

Je rajoute ceux que j'aime bien: Fabrice Eboué, Dedo, Noom et Frédéric Chau.

Dans les autres, certains me font sourire (y'en a je reste indifférent) mais pas de quoi exploser de rire.
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Message par Titou Sam 13 Jan - 12:47

J'aime bien ce que fait Thomas N'Gijol , le reste j'ai pas trop eu l'occasion de les voir .
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