La peste : Junco Waltz

Tout texte empeste des malheurs de son auteur,
Comme si la peste du poète ne pouvait qu’entacher son œuvre,
Chaque vers porte des marques de haine ou de rancœur,
Mais tout vacille d’une traite quand la hyène est à l’œuvre,
Que la mort est à la porte,
Désirs et déceptions s’emportent,
Dans le plaisir de l’abandon,
Le plus beau, le dernier don,
Celui qu’on emporte dans la tombe,
Qui ferme la porte quand on tombe,
Le monde entier, insignifiant devant la fin,
Nous serons tous des défunts,
En attendant l’heure de la mort,
On profite des bonheurs à notre port-ée
On s’agite avant de sombrer,
On danse avec des ombres et,
On crée l’illusion d’un manque,
Recrée la passion latente,
(Qui nous lie) dans l’attente,
Du grand amour,
De l’extase jour après jour,
À quoi sert d’insister,
Quand la vie s’est désistée,
J’ai plus la force de pister,
Je perds le nord de la piste et,
Compte les morts pour attester,
Que même le sage est passager,
Ses mots se replient, on l’oublie,
On le fuit puis l’enfouit,
Sans exhumer son témoignage,
Sa sépulture est le naufrage,
De ses idées, pour nous guider,
Ne reste qu’une marque sur le papier...

Si livre rime avec vivre,
La sémantique s’y oppose,
On s’anime et s’enivre,
Ignorant les piques qui se posent,
Sous la peau de mon 100 grammes,
L’écriture en filigrane,
La censure la pire des armes,
S’opère sans qu’on s’alarme,
La résistance de l’intellect,
Effleure le rempart des têtes,
On se pare et on s’entête,
À n’s’emparer que de l’en-tête...

C’est la métamorphose, j’ai le cafard,
Qui sort par tous les pores de ma peau,
Alors je pose, j’crache de l’encre, je broie du noir,
Je creuse en cherchant l’or du repos...